Le cap des 3 ans pour une marque mode : Thaïs Roblowski, fondatrice de Bobo Paris fait le point
Pour Thaïs Roblowski, la mode est une véritable vocation. Après des études de stylisme modélisme à la Chambre Syndicale puis des stages chez Thom Browne à New York et Mugler, elle devient styliste chez Cacharel et Alzaro.
Rien ne prédisait cette passionnée de vêtements à monter sa propre marque. Pourtant, avec Bobo Paris, la jeune femme, qui partage sa vie entre le Maroc et la France, imagine des ensembles colorés et écoresponsables, dont l’exigence se retrouve dans les designs soignés et le processus de fabrication de chaque pièce.
Quel a été l’élément déclencheur pour toi ?
Pendant le Covid, j'ai commencé à recycler les vêtements de mes amis pour tuer le temps. C'est comme ça que j'ai découvert l'upcycling. Quand j'ai lancé Bobo Paris, je n’avais pas de vision sur le long terme, je ne pensais pas encore créer ma marque. Puis j’ai envoyé quelques pièces à des influenceuses et cela a pris sur les réseaux. Cela a été un moment déterminant : j’ai décidé de créer ma marque et de me lancer à 100%.
Comme beaucoup de jeunes créateurs, j’imagine que tu es multi-casquette et que tu diriges toutes les facettes de la marque ?
Oui, cela fait deux ans et demi maintenant et je m’occupe de tout : l’image, le site, l’e-shop, la communication, le commercial, les points de vente, les lookbooks, le styling, les prix… Pour la partie business et logistique, je n'ai pas fait d’école de commerce, donc j’apprends au fur et à mesure. C’est une approche encore DIY mais cela fonctionne. Je suis très fière d’être autonome et de tout gérer, c'est tellement enrichissant.
L’upcycling est au cœur de ton projet de mode.
Je voulais garder cette ligne directrice de tout créer à partir de matière déjà existante. Quand j'ai commencé, c'était vraiment des pièces uniques à partir de seconde main et de chutes de tissu, en majorité du jean et du coton car ce sont les matières les plus faciles à recycler. Aujourd’hui, je trouve une partie de mes tissus chez Nona Source.
Quel est l’ADN de Bobo Paris ?
Je propose surtout des pièces pour le quotidien, confortables et colorées. Il n'y aura jamais de noir chez moi. Il y a quelques pièces unisexes comme les vestes, les gilets. Mais ma marque de fabrique, ce sont les ensembles car cela crée tout de suite un vestiaire pratique et stylé.
Ta marque est-elle déjà viable après deux ans et demi d’activité ?
Pas encore. J'aimerais bien d'ici un an.Ma mentor, Laetitia Ambroseau, la créatrice de Destree, m’a confié qu’il fallait environ quatre ans pour pouvoir être rentable lorsque l’on monte une marque de mode. Mais maintenant j'ai une vraie vision, je veux continuer l’aventure.
Quels sont tes objectifs pour cette édition de Who’s Next de rentrée 2024 ?
Développer le wholesale. Quand je vois mon chiffre d'affaires, c'est vraiment grâce aux boutiques que je vends. Après, c'est plus intéressant sur Internet car tu n'as pas de commission. Je n'ai pas encore trouvé la meilleure manière de déclencher les ventes. Le succès d’une marque de mode, c’est un savant mélange entre le digital et le physique.
Comment vois-tu la jonction entre le physique et le digital ? Instagram est une vitrine pour ta marque ?
Oui, exactement. Le digital a permis de me rendre visible auprès du public et des acheteurs. Cela a permis d’attirer des boutiques, mais l’un ne fonctionne pas sans l’autre à mon sens.
Quels sont tes projets à venir ?
Je vais shooter la collection hiver 2024-2025, puis la promouvoir. J’aimerais bien essayer de faire des levées de fonds pour développer la marque.
Aurais-tu un conseil à donner à des créateurs en herbe qui souhaitent suivre cette voie ?
Trouver un partenaire, un associé. C’est mon objectif aujourd’hui. C’est un métier parfois difficile, il faut savoir bien s’entourer. Et surtout, rester positif !