«The State of Nature » : La jeune création redessine la mode de demain

Dans l’effervescence de l’espace Beyond the Noise sur Premiere Classe, le talk animé par Mixte Magazine a captivé l’audience avec un thème audacieux : comment la jeune création réinvente la mode en se reconnectant à la nature et à l’artisanat.

Sous la modération d'Antoine Leclerc-Mougne, rédacteur en chef de Mixte Magazine, deux créateurs de renom, Louise Marcaud et Luca Bauer, partagent leur vision sur l’avenir de la mode durable.

Repenser la nature dans la création


« Comment la mode peut-elle s’inspirer de la nature pour réinventer ses processus créatifs ? ». Antoine Leclerc-Mougne ouvre la discussion en posant une question fondamentale :


Pour lui, la jeune génération ne se contente plus de suivre les tendances, elle crée un lien direct avec la nature tout en valorisant des savoir-faire artisanaux. La mode doit être abordée sous un prisme sous un prisme sociétal : « Nous utilisons la mode pour traiter de questions sociales et promouvoir des valeurs qui nous tiennent à cœur, comme la durabilité et la simplicité. »


Luca Bauer : La nature comme inspiration première


Bijoutier basé entre Marseille et Paris, Luca Bauer s’appuie sur son parcours, marqué par un engagement fort envers l’environnement : « La durabilité n’est pas une option, c’est une obligation », affirme-t-il. Ses bijoux, fabriqués à partir de métaux recyclés et sourcés localement, sont un hommage à la vie microscopique, notamment aux champignons et au mycélium.


Les défis créatifs auxquels il fait face : « Travailler avec des matériaux durables impose des contraintes, surtout dans le sourcing de pierres précieuses. » Bauer a également partagé les difficultés rencontrées en collaborant avec des grandes maisons de luxe, où les impératifs de production prennent souvent le pas sur les préoccupations écologiques : « C’est un vrai défi d’intégrer des pratiques durables dans un monde où les deadlines et les attentes de rentabilité priment. »

Louise Marcaud : Transformer les contraintes en force créative


Louise Marcaud, créatrice de tailleurs déstructurés, s’appuie sur des tissus de deadstock pour créer des pièces uniques. Elle a évoqué son parcours familial, marqué par la réparation et la récupération d’objets, qui ont façonné sa démarche : « L’idée de récupérer des matériaux et de les réutiliser est ancrée en moi depuis toujours. Mon père était ébéniste, et j’ai grandi dans une culture du recyclage et de la revalorisation. »


Elle a également abordé les défis liés à la durabilité : « Utiliser du deadstock impose des limites, surtout à grande échelle. Mais j’aime transformer ces contraintes en une force créative. » Pour Marcaud, la clé réside dans la relation directe avec ses clientes, qui valorisent l’artisanat et soutiennent une approche plus lente de la mode : « La durabilité demande de repenser la manière dont on crée et consomme, mais elle permet aussi de se rapprocher de nos audiences. »


La jeunesse au centre de la révolution sustainable


Pour ces créateurs, la durabilité est une évidence, mais elle nécessite une réinvention constante. « Nous devons continuer à promouvoir des solutions transformatrices et à encourager des habitudes de consommation plus responsables », conclut Luca Bauer. Louise Marcaud ajoute : « Il faut valoriser les métiers artisanaux, qui sont trop souvent délaissés, surtout face à la montée des technologies numériques. »


Le retour à la nature et à des méthodes plus authentiques est, selon eux, la voie à suivre pour réinventer la mode et son impact sur la planète. Les deux créateurs s’accordent à dire que ce changement doit se faire à échelle humaine : « Pour revenir à un état de nature dans la création, il faut aussi revenir à un état de nature dans nos rapports humains, dans notre manière de produire et de consommer », affirme Louise Marcaud.


Une mode en pleine mutation


Cette conférence a mis en lumière l’engagement croissant des jeunes créateurs pour une mode plus respectueuse de l’environnement et des savoir-faire artisanaux. Ces échanges ont montré que la durabilité n’est plus seulement une tendance, mais une nécessité. « La créativité et la durabilité peuvent aller de pair, à condition de remettre l’humain et la nature au cœur du processus », conclut Antoine Leclerc-Mougne.

Yann Jobard

Articles similaires