L’univers en cuir tressé de Marie Bernadette Woehrl

Lauréate du concours Eyes on Talents x Premiere Classe en 2023, la créatrice sera présente sur l’événement du 1er au 4 mars prochain avec la Collection 2.

Depuis Anvers où elle vit, la créatrice d’accessoires répond à nos questions.

Vous êtes née et avez grandi en Allemagne, puis vous avez étudié en Italie. Pourquoi vous êtes-vous installée à Anvers ?

J’aime Anvers pour son histoire de la mode. L’apogée de la mode a eu lieu ici en tant que style individuel et vision personnelle, une vision très forte. Et puis ma première expérience professionnelle en tant que designer a eu lieu chez Ann Demeulemeester, et la marque et son travail m'ont profondément influencée. Ses créations sont bien plus qu'un simple produit, c'est une atmosphère et une esthétique, quelque chose de pur et de poétique, qui semble dépasser la mode. J’essaie de capter cette énergie avec mon propre travail et rester proche (géographiquement) de celle-ci me maintient sur la bonne voie.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler le cuir ?

Je me suis intéressée au cuir lors de mes études en Italie. Dans l'école de mode dont je suis diplômée, Accademia Costume e Moda, nous avions un atelier de maroquinerie et nous visitions des tanneries et des fabricants de maroquinerie. La fierté de l’Italie envers son héritage pour le cuir m’a inspirée. L’accent mis sur la forme et les proportions du sac objet a résonné avec mon approche créative intuitive et souvent sculpturale.

Le cuir est un matériau qui a du caractère, il guide le processus créatif, donne forme et met en valeur les détails lors de l'exécution. Enfin, j'aime l’idée que le cuir s'embellit avec l'âge, car je souhaite que mes créations soient chéries et portées longtemps. Je crois que cette longévité est le seul moyen pour tout bien d'être consommé de manière responsable à notre époque. Notre comportement en tant que consommateur doit être remis en question et doit évoluer.

Sculptural bag - Collection 1

Parlez-nous de la Collection 2

C’est une continuité de la recherche de design initiée dans la Collection 1 : des formes organiques, des textures et des franges comme base pour des articles en cuir et des sacs sculpturaux élégants et polyvalents. J'aime être concentrée sur un seul matériau. Au fil du temps, cela me permettra de vraiment comprendre ses caractéristiques en profondeur et de le concevoir de la meilleure façon possible. Sinon, je suis occupée à stabiliser et renforcer la marque, à construire une entreprise autonome autour de ce projet qui a seulement un an. Je dois aussi lancer ma boutique en ligne, développer d'autres visuels avec mes amis artistes.

Que représentent Premiere Classe et Paris ?

Paris est "LA grande ville de la mode" et venir ici pour Premiere Classe, c'est montrer mon travail au monde entier, et pas seulement à ma confortable maison, Anvers. Cela signifie pour moi intensifier le jeu, sortir de ma zone de confort et être au milieu du buzz du hotspot de la mode le plus exigeant et le plus sophistiqué qui soit. Pour une jeune marque comme la mienne, être invitée par Premiere Classe c’est une énorme opportunité et j’en suis très reconnaissante Je suis ravie de rencontrer de nombreux experts internationaux de l'industrie, d'établir de nouveaux contacts et de faire de grands pas en avant dans mon projet.

Fringes crossbody belt & one arm piece

Quelles sont vos sources d’inspiration, vos artistes préférés ?

Mes inspirations viennent généralement d’un détail qui retient mon attention : une forme, ou un motif. Il peut s’agir de n’importe quel type d’objet, d’une œuvre d’art ou d’une observation aléatoire de la vie quotidienne. Le livre « Comment emballer cinq œufs » sur les techniques d'emballage japonaises a été le point de départ de ce style de fabrication d'accessoires. Il y a une inventivité simple et ingénieuse dans ces objets. Mais la plupart de mes idées viennent du processus : j'expérimente en disposant des volumes et des sangles sur ma poupée de couturière ou sur moi-même, je les déplace, je bouge avec elles jusqu'à ce que je tombe sur quelque chose d'intéressant.


Sinon, en tant qu'attitude, j'admire celle à la fois cool et simple de Patti Smith, sa facilité à être elle-même. Les personnalités naturelles et sans prétention sont très inspirantes pour moi. Depuis peu, je m'intéresse notamment au travail de l’Américaine Lenore Tawney, considérée comme une artiste pionnière dans l’élévation des processus artisanaux au rang des beaux-arts. J’aime les atmosphères et les compositions du peintre belge Léon Spilliaert, la simplicité de Brancusi, la photographie du début du XXe siècle… En général, les références au passé depuis les temps modernes me semblent trop rapides et déroutantes pour que je puisse les suivre. C'est aussi ce que j'aime dans l'artisanat : il respecte le temps, récompense la patience et honore l'objet. Je pense que nous avons beaucoup à apprendre de cet état d’esprit, à la fois en tant que créatifs et en tant qu’individus du 21ème siècle.

Céline Vautard